Notre association, constituée uniquement de bénévoles, existe depuis 30 ans. Sa spécificité est d’aller à la rencontre de personnes en grande difficulté : SDF -Etrangers en cours de régularisation ou déboutés. Ils doivent être impérativement suivis par les services sociaux, S.A.O. (service d’accueil et d’orientation) pour les étrangers et A.R.S (Association d’Accueil et de Réinsertion Sociale). Un listing est établi et une mise à jour est faite chaque semaine avec une obligation de suivi de la part de nos bénéficiaires.

L’Association offre chaque dimanche de 10 h à 12 h et toute l’année dans l’agglomération de Nancy (5 points de rencontre) une distribution de sac alimentaire de 4 kg (pain, boites de conserve, lait et autres articles données par la Banque Alimentaire), de soupes, de boissons. Les vêtements, les chaussures et les produits d’hygiène se font sur commande d’un dimanche à l’autre.

Notre tournée se termine sur le cours Léopold vers 12 h, en plein air quel que soit le temps, nous rencontrons d’autres bénéficiaires et même ceux de nos tournées qui peuvent profiter de plat chaud préparés par des associations (Rotary et autres) 8 marmites isothermes par dimanche.

Une assistance médicale (médecin du monde) est sur place et l’association « Echange » intervient auprès des personnes ayant des addictions à la drogue.

Mon propos peut paraitre long mais je voulais insister et démontrer l’impact du confinement sur notre organisation.

Le confinement, à ses débuts, fut une chute impressionnante de bénéficiaire dans les tournées et aussi au niveau des bénévoles.

  • Interdiction de se retrouver sur le cours Léopold car notre rassemblement s’élevait à plus de 100 bénéficiaires.
  • Les sacs alimentaires préparés dans la semaine par une équipe de bénévoles restreinte étaient distribués fermés sans la possibilité de choisir les différents produits alimentaires (problème de régime ex : alimentation sans porc …ou sans viande).
  • Port du masque obligatoire sinon pas de sac. La situation devenait impersonnelle « on distribuait et on ne proposait plus ». Nous étions pénalisés car cela ne correspondait plus à notre engagement de service.
  • Les personnes qui avaient un hébergement étaient peu présentes.
  • Les SDF n’avaient plus la possibilité de faire « la manche, » les Eglises étant fermées plus de petites monnaies ainsi que dans la rue, petits bistrots fermés.
  • Les attestations de sortie obligatoires posaient quelque problème à nos SDF quel paradoxe !!!!

Au cours du deuxième confinement, nous avons eu l’obligation de distribuer des chèques services à toutes personnes venant dans nos tournées (un chèque de 2,50€) en leur proposant un listing de magasins acceptant ces chèques. De 200 bénéficiaires nous sommes passés à 420 sans contrôle de notre part. En réalité nous distribuions de l’argent et non une aide alimentaire (démarche très difficile pour nous les bénévoles). Les SDF récupéraient (ils étaient ravis…) les sacs abandonnés à proximité des poubelles car un grand nombre de personnes inconnues de nos listes venait essentiellement pour des chèques… Certains nous jetaient leur sac dans nos voitures avec véhémence quand nous n’avions plus de chèque en fin de distribution… La situation devenait délétère. Les SDF ne supportaient plus cette promiscuité … une ségrégation de leur part s’instaurait. Les bénévoles étaient aussi épuisés moralement car nous n’avions pas le choix d’accepter ou de refuser cette organisation imposée et nous ne pouvions pas aussi abandonner nos bénéficiaires…

Ce qui était incroyable dans cette organisation : la Covid n’a pas pu s’infiltrer dans notre association. Nos bénéficiaires à notre connaissance ont été épargnés ainsi que l’équipe restreinte de bénévoles.

De plus nous avons remarqué qu’une entraide s’était installée auprès des SDF ; et beaucoup de lieux de distribution s’étaient installés dans la ville au cours des semaines de confinement (Associations et groupes d’Etudiants).

  • Début 2021, la distribution de chèques fut annulée. Nous avons pu réfléchir sur une nouvelle organisation sans supprimer le port du masque obligatoire (sinon pas de sac) et le gel hydro alcoolique (distribués tous les dimanche).
  • Nous avons été sollicités par nos boulangers nous proposant des petits pains au même prix que les baguettes pour nous éviter trop de manipulation
  • Ensuite les commandes de vêtement furent proposées essentiellement aux sans-abris.
  • La distribution de boissons et de soupe fut réintroduite
  • Notre présence sur le cours Léopold n’est toujours pas autorisée, et pourtant tellement demandée par nos bénéficiaires.

A l’heure actuelle

Nous avons retrouvé le contact humain tant attendu de la part des bénéficiaires et aussi des bénévoles.

Nos statistiques ont retrouvé les chiffres initiaux (50% Sans Abri et 50% d’étrangers), et une distribution constante le dimanche de l’ordre de 200 bénéficiaires.

Une compagne de vaccination s’est mise en place avec une information de notre part et surtout avec une attitude tout à fait responsable de la part de nos bénéficiaires.

Dany Druost,
fraternité Bienheureux Jean-Joseph Lataste,
Nancy