Je suis aumônier au quartier femmes du Centre pénitentiaire de Nancy Maxéville depuis plus de 10 ans. Je rencontre les femmes qui le souhaitent, en cellules, chaque mercredi ; je participe aux célébrations Eucharistiques hebdomadaires, je visite les détenus (hommes et femmes) hospitalisés au CHU de Nancy.

Chacun s’en doute, la crise « Covid » n’a pas, depuis près de 2 ans, épargné le milieu carcéral. Comme partout, des protocoles différents se sont succédés en fonction de la situation sanitaire à un instant T.

Lors de la première vague, en mars avril 2020, le confinement en cellules, avec suspension de toutes les activités et des visites, a été particulièrement difficile pour les détenues. Ce très long moment d’isolement, de solitude, n’a été que très très partiellement atténué par les échanges possibles grâce au N° vert mis en place par l’aumônerie nationale ; en effet, seules les détenues qui en avaient connaissance ET qui disposaient d’un téléphone en cellule, ont pu en profiter.

Au fur et à mesure des semaines qui passaient, les protocoles ont petit à petit évolué, et les détenues ont retrouvé un peu de possibilités de rencontres. Pour autant, à l’heure où ces lignes sont écrites,

  • Les visites en cellules sont toujours impossibles : il faut qu’un surveillant propose la rencontre d’un aumônier, sans forcément d’explication, de façon rapide… Autant dire que rien n’encourage la détenue à solliciter un entretien…
  • Les détenues qui arrivent en détention sont à l’isolement pendant une semaine, et l’aumônier ne peut plus accompagner comme il faisait le « choc carcéral » qui marque énormément les détenues.
  • Les messes, qui pouvaient être célébrées toutes les semaines, le sont maintenant une semaine sur deux, avec une jauge de 8 détenues… Organisation compliquée.

La fête de Noël, véritable temps fort pour l’aumônerie, n’est plus possible dans sa forme habituelle, qui intégrait un temps de goûter après la messe, moment de partage et de convivialité précieux pour les détenues. Noël est en effet particulièrement triste pour des femmes privées de leur famille.

Du coup, on s’en doute, toutes ces limitations distendent très nettement les relations entre les détenues et l’équipe d’aumônerie… Un peu comme quand, dans un village, on passe d’une messe par semaine à une par mois, puis à une par an… Moins on se voit, moins on a de choses à se dire… Plus les visites et les conversations sont espacées, moins elles sont profondes.

Beaucoup de détenues qui auront eu à effectuer des peines assez courtes pendant ces périodes n’auront jamais pu rencontrer l’aumônerie.

Autre effet collatéral de ce contexte : il est très difficile, pour ne pas dire impossible, d’inviter, d’appeler, de nouvelles personnes à rejoindre l’aumônerie et à s’y engager. On ne sait pas comment, d’une semaine ou d’un mois sur l’autre, les restrictions vont évoluer. Les rencontres avec les détenues n’ont pas la même réalité dans une salle qu’en cellule, les célébrations Eucharistiques peuvent être suspendues à tout moment…

Pour autant, nous tentons de rester fidèles à la mission, de continuer à témoigner de l’Amour inconditionnel de Jésus-Christ dans ce lieu de souffrance.

Michèle Berthélémy,
Fraternité Bienheureux Jean-Joseph LATASTE,
Nancy