L’Ordre des prêcheurs est le premier des ordres missionnaires et les laïcs dominicains participent à cette mission de prédication qui est d’annoncer l’Evangile. Ils se reconnaissent dans cet extrait des Constitutions fondamentales des frères prêcheurs : « Nous avons pour office propre la charge prophétique dont la mission est d’annoncer partout l’Évangile de Jésus-Christ par la parole et par l’exemple, en tenant compte de la situation des hommes, des temps et des lieux. » Il n’y a pas de façon imposée, c’est chacun selon ses affinités, ses talents et ses moyens. Aimant le monde et confrontés à ses défis, les laïcs dominicains s’y engagent dans la liberté.

Ils reconnaissent tout d’abord que le monde est profondément « aimable », c.-à-d. toujours digne d’être aimé, même s’il peut s’avérer parfois hostile. Pour y apporter la Parole de Dieu, les laïcs dominicains ont comme tâche première d’être à l’écoute des questions des hommes et des femmes de leur temps, même des plus dérangeantes ou venant de ceux qui sont loin de l’Église, dans le souci de les comprendre et de rechercher humblement la vérité. Ils ont vocation, comme leurs frères et sœurs religieux, à se placer aux seuils, aux frontières de l’Église. Il s’agit de porter la Parole aux confins, à la croisée des idéologies séculières, des autres religions, chrétiennes ou non et même des différentes sensibilités présentes au cœur de l’Église catholique.

Ensuite, la mission de prédication s’inscrit dans la perspective dressée par Paul VI de « l’Église qui se fait en se faisant conversation et dialogue », avec toutes les intelligences à l’œuvre. Le fr. Bruno Cadoré, maître de l’ordre dominicain, résume ainsi le sens du rôle et de la présence des dominicains : « II s’agit dans le dialogue avec nos contemporains, de faire en sorte que la Parole de Dieu, et non pas notre discours, soit entendue dans le monde comme une bonne nouvelle pour le temps d’aujourd’hui. »

Enfin, les laïcs dominicains en mission ne sont rien sans la Parole de Dieu, transmise par la tradition, qu’ils doivent d’abord étudier afin de pouvoir ensuite la porter au monde. Il s’agit pour eux, avec leurs mots balbutiants et leurs discours imparfaits, d’essayer d’être le relais emprunté par Dieu pour dialoguer avec le monde. Il convient pour eux d’essayer de la traduire, dans un esprit de justice sociale et de concorde, dans les lieux souvent éloignés de la foi où se trouvent les exclus, les plus pauvres et où parfois se déchaîne la violence.