Je suis laïc engagé définitif depuis 2018 et je dois dire que je me sens bien au sein de la famille dominicaine. La fraternité est pour moi un lieu de ressourcement, où je peux « poser mes valises », appréhender, discuter en communauté de thèmes très lourds à porter et qui ne trouvent pas de réponse dans ce monde sans âme où l’on essaie de nous cantonner. Lieu d’écoute, d’études, de prières communes, de bienveillance mutuelle, de liberté… elle est mon oasis.

L’aspect démocratique de l’Ordre me plaît bien et particulièrement la manière de déléguer les responsabilités : l’élection est précédée d’un tractatus où chaque électeur souligne l’adéquation (ou pas) des candidats à ce poste. La fonction est confiée pour trois ans (renouvelable une fois) et lorsque la mission est accomplie, l’élu redevient laïc parmi les autres.

Une autre chose me tient à cœur : l’étude communautaire des Ecritures. Cette activité n’est pas réservée à une élite d’intellectuels (intellectuel, je ne le suis pas !). Le groupe d’amitiés dominicaines créé à la maison du 60 à Lille surprend les deux animateurs engagés définitifs qui les accompagne. Je me sens à l’aise dans le groupe fraternel basé à Aix-Noulette, dans le pays minier des Hauts de France. Devant ce qui s’échange là, je me répète à l’envie cette phrase de l’Evangile selon St Matthieu :

En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. »

Ce qui me rejoint aussi beaucoup, c’est la mise en avant par l’Ordre de cette notion fondamentale pour moi : la Miséricorde de notre Seigneur.

« Mon Dieu, ma miséricorde, mais que vont devenir les pêcheurs ?» disait St Dominique.

« La miséricorde de Dieu est infinie, lui mettre des limites est un blasphème » et « Entre le pont et l’eau, il y a la miséricorde de Dieu » disait St Jean-Marie Vianney de son côté.

« Va et ne pèche plus » dit Jésus à la femme adultère (Jn 8,11).

« Qui es-tu, toi qui juges ton prochain ? » écrit St Jacques (4-12).

Telles sont les devises qui balisent ma vie de chrétien laïc dominicain et de médecin.

Ont été décisives pour ma vocation de laïc dominicain certaines figures dominicaines : le bienheureux Jean-Joseph Lataste par exemple, ou une fraternité extraordinaire de laïcs dominicains américains, celle de la prison de Norfolk créée par sœur Ruth Raichel. Je les trouvais en totale adéquation avec ma vocation médicale : soigner toute personne, quelle que soit sa personnalité, et accueillir quiconque, quel qu’ait été son passé.

Enfin, en tant que Laïc, j’ai découvert et apprécie la prière de la Liturgie des heures. Je ne pourrais commencer ma journée sans avoir récité les Laudes et terminer celle-ci sans prier les Vêpres. A cause de mes horaires de travail, c’est souvent seul que je prie mais, dès que cela est possible, je prie en communauté. De plus, ma prière se nourrit chaque jour de toutes les personnes qu’il m’est donné de rencontrer et qui sont pour moi le visage du Christ souffrant…

Jean-Marie Chevalier