Nouveau prieur du couvent Saint-Thomas d’Aquin de Lille depuis février 2023, le frère Benoît-Marie, 47 ans, a été assistant religieux des Fraternités laïques dominicaines à Paris, Angers et Tours.

Que gardez-vous de vos années au couvent de Lille comme frère étudiant au début des années 2000 ?
Le goût de la Bible mais qui avait déjà commencé au noviciat à Strasbourg. Ici à Lille, je garde en mémoire les cours sur l’Ancien-Testament à la Catho, notamment l’approche critique de la formation du Pentateuque. Je me souviens aussi des cours de sémiotique et d’Hébreu au couvent avec le Frère Jean-Luc Marie Foerster.

Vous venez du couvent de Tours où vous avez été élu deux fois prieur. Qu’est-ce qu’un bon prieur selon vous ?
Le prieur aide à faire vivre ensemble et prêcher ses frères. Dit comme ça, ça paraît simple mais c’est plus compliqué dans les faits. C’est un combat contre nos individualismes ! Ça dépend aussi de la communauté : on peut être un bon prieur pour l’une mais pas adapté pour une autre. Et puis, notre prédication est colorée par ce que nous sommes : chaque frère a sa note propre à donner. C’est important de l’entendre. Il ne s’agit pas, en cherchant l’harmonie, à niveler tout le monde.

Vous avez été assistant religieux de plusieurs fraternités : Paris, Angers, Tours. Comment percevez-vous la Famille dominicaine : frères, sœurs, laïcs ?
Je ne crois pas à une articulation permanente, à une collaboration tout le temps et partout entre les frères et les laïcs dominicains. Chacun sait ce qu’il a à faire, où le faire et comment le faire. Chacun a sa place dans l’Ordre. C’est comme ça, pour moi, que la Famille dominicaine peut exister.

Qu’est-ce que la Famille dominicaine a à apporter au monde en 2023 ?
Nous avons une tradition de l’étude à partager. Cela permet d’apporter un regard critique et avisé sur certains dysfonctionnements du monde et de l’Eglise. La Bible, on peut la lire de façon fondamentaliste ou bien nous appuyer sur la tradition de l’Eglise et la tradition dominicaine. C’est une tradition d’objectivité, de droit qui évite de donner des réponses trop affectives, trop émotionnelles aux grandes questions que pose la parole de Dieu. Cette tradition de l’étude permet au Texte de rester bien ouvert et aux personnes de rester bien libres !

Propos recueillis par Arnaud Arcadias

Crédit Photo (vignette) : La Voix des Frats