Nous étions une cinquantaine de laïcs accompagnés par le frère Jean-Etienne Long, à nous retrouver pour ces Estivales sur le thème : « L’Espérance dans un monde en transition ».

La première conférence était celle de Fabien Revol, maître de conférences à l’Université Catholique de Lyon, auteur d’une thèse en 2013 sur la Création continuée.

Son intervention a en premier lieu regardé comment la peur et l’anxiété sont aujourd’hui des voies très fortes d’engagement pour l’écologie (films catastrophes, traitement des rapports du GIEC, développement – inquiétant – de l’éco-anxiété). Or ce qui met un chrétien en mouvement, c’est bien l’espérance, et pas la peur de la catastrophe.

Fabien Revol s’appuie longuement sur Laudato Si’, nous invitant à lire ou à relire ce texte d’une façon dynamique et dans l’espérance :

  • L’espoir et l’espérance ne sont pas synonymes : l’espoir définit ce que l’on souhaite voir advenir ; l’espérance est d’abord foi dans l’amour de Dieu pour l’Homme et la Création, elle est confiance dans le Christ qui a vaincu la mort et récapitulera toute la création. L’Espérance n’est ni une attitude béatement passive, ni paresse de croire que Dieu fera le travail tout seul, ni croyance devant des solutions techniques ou technocratiques toutes faites, ni attente de la fin du monde… L’Espérance pousse à l’action, à l’audace, à vivre une « écologie intégrale » comme une visée anthropologique qui exprime le projet humain d’habitation de la planète vue comme maison commune. Ce projet s’inscrit dans une relation à Dieu, aux autres et à soi-même. D’ailleurs, étymologiquement, le mot « écologie » renvoie à l’étude de la maison. Cette « écologie intégrale » a au cœur de sa pensée les interdépendances et les interactions.
  • Le pape affirme son indestructible conviction que l’Homme est capable de s’amender, d’être bon. Cela offre une image en contradiction avec les visions actuelles et qui nous éloigne du prédateur systématique.
  • La création est porteuse d’un message qui peut nous parler de Dieu : la contemplation de la création nous permet d’entrer dans l’espérance.
  • Prendre soin de la création découle de la foi chrétienne, de notre rencontre avec le Christ, et pas de la peur d’une catastrophe. Même sans crise écologique, les chrétiens devraient être les premiers à prendre soin de la création. Saint Thomas d’Aquin développe une théologie qui veut que l’être humain, par ses capacités et les dons reçus, doit être providentiel pour les autres créatures, au nom de Dieu.

Nous sommes inscrits dans une création qui est relation des êtres entre eux. En d’autres mots, tout est lié. Mais les textes de Vatican II, notamment Gaudium et Spes, nous rappellent que nous allons au-delà des limites de la Création, puisque c’est la résurrection du Christ qui est notre espérance. La dimension eschatologique est une bonne nouvelle puisque c’est toute la création qui sera glorifiée. Elle invite et oblige à respecter toutes les créatures et à en prendre soin.

L’histoire n’est pas écrite d’avance. La fin d’UN monde n’est pas la fin DU monde. Nous allons peut-être vers une forme d’effondrement, même si le pape François n’emploie pas ce mot dans son encyclique. Mais Fabien Revol rappelle en conclusion que Saint Augustin a connu l’effondrement du monde romain, d’un empire qui avait structuré le monde connu pendant des siècles. Cela ne l’a pas privé d’espérance.

Quelques réactions à chaud, suite à la conférence :

 » Cette conférence très appuyée sur Laudato Si’ a revivifié ce que j’avais retenu de l’encyclique. Convertir son regard sur la Création, les créatures, chercher à adopter le regard de Dieu, voilà ce qui me conduit à l’espérance au fil du quotidien. »

« Ce qu’il y a d’important pour ma vie et qui a rejoint le propos tenu cet après-midi, c’est que nous sommes tous reliés, tous en inter-relation. »

 » Cette conférence s’est questionnée aussi sur l’effondrement des structures de notre monde. Elle me donne une certaine sérénité pour la vie professionnelle et politique qui est la mienne. La foi au Christ ressuscité invite à l’espérance, à travers toute circonstance, ce qui n’empêche pas le pessimisme, voire le désespoir devant la catastrophe prévisible. »

« Cette séquence m’a permis de clarifier différentes notions et le fait que cette éco-anxiété, présente en particulier chez les jeunes, soit une réaction normale. Je sors confortée dans l’idée que, face à des crises comme la crise écologique, la porte de sortie pour notre vie est spirituelle, morale et intellectuelle. »

Jean-René Berthélémy